Vous voulez venir tenter votre chance à 10.000 km de la France avec votre envie de réussir et vous vous demandez…
Est-ce (encore) une bonne idée de venir vivre à Singapour en 2015 ?
La réponse dans la suite !
Singapour, année 2015
L’Asie est un continent où tout va très vite, en tout cas plus rapidement que dans la vieille Europe. Les immeubles sortent de terre en quelques mois, les carrières sont fulgurantes et il est possible de devenir (très) riche en quelques années.
Ce dynamisme, que la majorité des moins de 35 ans en Europe n’a jamais eu la chance de connaître, est séduisant. Ceci est d’autant plus vrai que la situation générale en France, sans être catastrophique, n’est pas franchement très propice à des élans de croissance.
Attirés par les sirènes de l’Extrême-Orient, de nombreux français ont donc franchi le Rubicon et sont venus tenter leur chance en Asie (en général) et à Singapour (en particulier) qui est devenue la seconde communauté française d’Asie après la Chine mais avant le Japon, l’Inde, la Corée ou encore la Thaïlande.
Une destination populaire
Ce qu’il faut bien comprendre c’est que Singapour n’est plus une destination exotique. La Cité-Etat, en l’espace d’une dizaine d’années, est passée du statut de ville relativement méconnue à celui de destination prisée pour une expatriation (et pas uniquement pour des raisons fiscales).
Il n’y avait que 3,080 français à Singapour en 2000, depuis la situation a bien changé (cf. graphique ci-dessous). Gardez à l’esprit que cela ne tient PAS compte du nombre croissant de Français résidant à Singapour et qui ne souhaite pas s’enregistrer auprès des services consulaires pour diverses raisons.
La communauté Française est importante, bien installée et dispose de nombreuses structures : Ambassade, Ecoles, Chambre de Commerce, Alliance Française, petites et très grandes entreprises (environ 600 et qui emploient 40,000 personnes sur l’île) mais aussi de commerces communautaires et partis politiques très bien implantés.
Revers de la médaille : il y a beaucoup plus de candidats et les entreprises n’ont plus besoin d’offrir des contrats d’expats pour attirer des prétendants dans la Cité du Lion.
Le niveau des rémunérations restent souvent supérieur à celui de la France, en revanche les packages expats ont fondu comme neige au soleil (certains expatriés ayant même étaient contraints d’abandonner leur package pour passer sur des contrats locaux après plusieurs années).
Une exception française ?
Non. Les français sont loin d’être une exception et ces dernières années, le nombre d’étrangers à Singapour a fortement augmenté. La nombre d’étrangers est passée de 1.042 million à 2.126 million fin 2014 soit une croissance de près d’un million d’individus (sur une population d’environ 5 millions d’habitants).
Dans le même période, le nombre de Singapouriens s’est accru moins rapidement. Conséquence directe : en 2013, les étrangers représentent maintenant 39% de la population de l’île (à titre d’exemple, la France compte 5.8% d’étrangers).
Cet afflux massif d’immigrés, associé à un ralentissement de la croissance dans la Cité-Etat, a entrainé la naissance, ou tout du mois un renforcement, d’un sentiment anti-étrangers chez les locaux qui se sentent de moins en moins ‘chez eux’ et qui le font savoir au travers des médias sociaux notamment.
Internet, une vraie poudrière
Il suffit d’une étincelle pour mettre le feu à la toile singapourienne. Chaque incident impliquant un étranger (Edz Ello, Anton Casey, Olivier Desbarres, Ma Chi, Amy Cheong,…) est l’occasion de déverser un torrent de commentaires, plus ou moins justifiés, à l’encontre des étrangers :
- Les étrangers volent le travail des locaux (alors que le taux de chômage à Singapour était de 1.9% en Septembre 2014 et que de nombreux secteurs sont en déficit de main d’oeuvre),
- Les étrangers ne font pas d’effort d’adaptation, sont communautaires, ne parlent pas anglais, font monter les prix de l’immobilier (sachant que 90.5% des Singapouriens sont propriétaires de leur appartement)
- Les étrangers sont à l’origine des actes de délinquances,…
Cette ambiance, si elle ne vise pas les français en particulier, peu s’avérer pesante mais surtout a des conséquences directes.
Les élections pour le parlement de 2016 approchant, le gouvernement a pris de nombreuses mesures visant à rendre plus difficile l’obtention des précieux visas de travail (et le visa de résident permanent est devenu une légende urbaine) mais aussi l’accès à la propriété pour les étrangers, voir même aux écoles locales.
Néanmoins il convient de relativiser la situation : il reste infiniment plus simple d’obtenir un visa de travail à Singapour qu’aux Etats-Unis et le climat anti-étrangers est encore très loin de ce qui peut se passer dans certains pays.
Un afflux récent et massif
Les habitants de Singapour, qu’ils soient locaux ou étrangers, font le même constat : la ville a accueilli trop de monde, trop rapidement. L’ouverture de Singapour aux étrangers n’est pas remise en question, ce qui est en cause c’est le nombre de nouveaux habitants que la ville peut accueillir chaque année.
Le planning urbain, source de fierté à Singapour, et souvent pris en exemple par d’autres villes (à visiter absolument : La Singapore City Gallery), n’a pas su répondre à cet afflux massif de population
Le métro est souvent saturé aux heures de pointes (même si cela reste mieux qu’à Londres ou Paris) et commence à montrer des signes de faiblesses, les prix de l’immobilier locatif ont été multiplié par 3 en 10 ans et les embouteillages sont de plus en plus fréquents.
Une concurrence accrue
Et là vous vous demandez : Mais pourquoi Singapour est-elle si populaire ? Oubliez le soleil, les cocotiers, la propreté et la sécurité.
Si ces facteurs sont importants, ils n’éludent pas une réalité : les salaires à Singapour sont supérieurs à ceux de la France, ils augmentent chaque année et surtout vous y payez beaucoup moins d’impôts (que ce soit sur le travail ou sur le capital).
Par exemple en 2013, les salaires ont augmenté de 5.3% en nominal, ce qui correspond à une augmentation réelle 2.90% (en tenant compte de la correction de l’inflation).
Le salaire médian Singapourien net par mois est de 3,250$ (environ 2,100 euros net par mois). C’est à dire que 50% des Singapouriens gagnent plus que 3,250$ net par mois.
Une situation contrastée
Evidemment cela engendre également une compétition accrue sur le marché de l’emploi d’autant que celui-ci souffre d’une important asymétrie (à lire : Les paradoxes du marché du travail à Singapour).
La tendance générale est à une hausse du nombre de candidats pour le même nombre de postes. Certes cela varie grandement selon les postes et certains jobs sont en déficit de main d’oeuvre, mais pour d’autres (notamment le marketing, filière très prisée à Singapour), c’est déjà plus difficile même si c’est loin d’être impossible.
Cela donne lieu à des situations très contrastées, certains français se voient offrir des ponts en or alors que d’autres ont du mal à arriver au stade du premier entretien.
Encore une fois, si vous disposez des bons atouts, alors il est possible de décrocher de très bon postes à Singapour mais il faut absolument se renseigner sur les filières qui recrutent et où sont les besoins à Singapour.
De surcroit le marché du travail est très flexible et les lois du travail favorisent l’employeur, encore plus lorsque vous êtes étrangers. N’oubliez pas non plus qu’il n’y a pas de salaire minimum, pas de durée légale du travail, pas de chômage, pas d’assurance maladie et seulement 14 jours de congés par an (à lire 7 réalités à connaître sur la vie à Singapour).
En revanche salaire brut = salaire net, l’impôt sur le revenu est beaucoup moins important qu’en France (et plafonné à 20% de vos revenus, et encore, cela concerne les gens dont le salaire est supérieur à 320,000$ par an).
Le mot de la fin
Le but de cet article n’est pas de vous dissuader ou de vous encourager à venir, c’est plutôt de vous dresser un tableau objectif de la situation à Singapour en 2015.
J’anticipe les commentaires négatifs sur le fait que je dresse un tableau noir de la situation : si il suffit d’un article un peu objectif sur la situation de l’île pour vous décourager de venir, alors c’est peut-être que vous n’avez pas assez de motivations pour réussir ici. Il est possible de réussir à Singapour mais c’est un peu plus difficile que par le passé.
De toute façon si en France vous êtes enfermez dans la boucle stages gratuits / auto-entrepreneur (haha le nombre d’entreprises qui embauche des salariés sous ce statut pour payer moins de taxes) / CDD ou autres, vous n’avez pas grand chose à perdre à venir tenter votre chance dans la Cité-Etat.
A titre personnel je pense que Singapour reste dans l’absolu un bon choix et que, même si la situation n’est plus aussi bonne qu’il y a quelques années, cela reste une destination idéal pour ceux qui souhaitent se lancer en Asie.
Cependant je pense également qu’il ne faut pas laisser de côté certains pays qui certes ne bénéficient pas du confort de Singapour mais dont la vitesse de développement et le coût de la vie offrent des opportunités de réussites beaucoup plus intéressantes.
Mais quitte à faire 10,000km pour changer de vie, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et tenter sa chance dans les autres pays d’Asie du Sud-Est qui ne sont pas encore surpeuplés de Français… A vous de jouer et à bientôt (en Asie bien sûr ^^)
Retrouvez la première partie de l’article : En route pour Singapour!
Tous les chiffres sur Singapour proviennent du Gouvernement de Singapour via Singstat.
Tous les chiffres sur la France proviennent de L’Institut national d’études démographiques (Ined) et du Ministère des Affaires Etrangères.
Je ne trouve pas que tu dresses un tableau si noir! Non, au contraire, tu es objectif, c’est très intéressant merci!
Merci Sonia :)
TOut a fait d’accord avec Sonia, ce n’est pas un tableau noir, mais bien la réalité de Singapour. POur ce qu’ils vivent et travaillent ici depuis plus de 4 ans, ils approuveront et confirmeront ton post, sans aucun doute. Ce genre de post et d’article doit être pris en compte par notre compatriote qui sont toujours en Metropole et qui hésitent. Comme tu le dis, tout est possible et accessible, mais il faut bien le réfléchir, bien s’y préparer et connaitre la loi du marche. C’est fini l’époque du CV d’expat (western) qui décroche le boulot facilement. En face on a des Indiens, des Malais, des Philipinos, des british, des Auzie…et tout le monde a le même niveau de qualification, voir meilleur!! Et ton article est surement applicable (avec différent chiffres bien sur) dans d’autre pays ou les Frogies rêvent d’expatriation, je pense aux US, Canada, Malaysia, Australie..etc. Il faut tenter l’expérience mais soyez prêt. On voit trop d’expat francais râler pour le moindre truc qui n’est pas “normal” pour eux…adaptation le maître mot. Continue Louis a partager tes articles et point de vue. Merci
Tres, Tres bon article, une ou deux remarques pour la forme (on est Francais hein :) sur les 2 millions d’etrangers dont tu parles il y a en fait il me semble que 12% de ces etrangers detenteurs d’un EP. 62% etant des ouvriers du batiments ou des travailleurs domestiques. C’est important de garder ce chiffre en tete notamment par rapport au fameux siphonnage du marche du travail dont tu parles. Tu as les chiffres sur le site du MOM.
Et pusi Brut = Net oui et on sait pourquoi, frais medicaux, ecoles et autres frais structurels sont 100% a ta charge alors qu’en France c’est l’inverse.
Merci encore pour ta contribution :)
La répartition des visas à Singapour est dispnible ici >>> https://paris-singapore.com/les-etrangers-singapour :)
Perso je suis étonné que la Malaisie ne fasse pas un gros coup à Johor Bahru en en faisant une zone visa-free pour étrangers qualifiés. Ils se récupèreraient une MASSE de frustrés de l’EP de Singapour, ou d’entrepreneurs qui paient une blinde en loyer (perso ou pro), tout en faisant la nique à leur éternelle rivale Singapour.
Ah oui, zut, j’ai oublié, il y a le gouvernment de Malaisie sur le passage de cette belle idée …
Malaysia Boleh!
Tidak boleh ?
Toujours très bon de lire t’es articles.
C’est vrai que même dans les entreprises qui marche (très) bien, c’est la chasse aux expat. ou la révision à la baise des allowances et autre!! Le nombre de voisin que je vois passer en local et quitter leur condo pour chercher moins cher…
Les entreprises n’ont plus besoin d’offrir des packages pour trouver des candidats pour Singapour étant donné la popularité de la destination. La loi de l’offre et de la demande.
Il faut noter une autre tendance aussi : les packages sont moins nombreux, mais ceux qui les conservent (et qui sont généralement ceux qui les attribuent aussi) ont tendance à voir des packages meilleurs et qui couvrent de plus en plus de choses.
Article très intéressant mais je l’avoue qu’il me fait un peu peur..
J’ai décidé de partir m’installer à Singapour en 2016 pour m’installer avec ma fiancée singapourienne et je dois dire que risquer de ne pas trouver de boulot et de ne pas pouvoir rester sur place à tendance à me donner un ulcère :D surtout que ma formation de développeur n’est pas un master.. Parfois je me rassure en me disant que j’ai quand même 10 ans d’expérience mais il est vrai que la peur de l’inconnu est très forte :) enfin je ne suis pas français donc je ne grossirai pas cette statistique :p
En tout cas merci beaucoup pour ton blog qui me permet d’apprendre plus de chose sur mon futur chez moi (enfin je l’espère :) du point de vue d’un expat.
Les dev informatiques s’arrachent, même sans diplôme (Un ami non-diplômé touche plus de 10k SGD par mois à 26 ans en tant qu’Architecte Zend Framework).
Par contre la grosse tendance c’est de sortir le dev de Singapour pour le mettre en Inde, au Vietnam, en Thailande,… Pour l’instant les gens arrivent encore à démissionner et trouver une autre entreprise sur Singapour mais de plus en plus commencent aussi à migrer aux Etats-Unis (Facebook, PayPal, Uber,…)
J’espère qu’ils s’intéressent aux devs de 10 ans de plus aussi :) Enfin architecte c’est déjà le “top de la hiérarchie” dev avant de devenir manager.
Si il n’y avait pas tous les problèmes de permit de travail et de langue je pourrais aller bosser chez mac do même si là je dois être 15 ans trop jeune (j’ai été marqué par les mac do ou tout les employés ont l’air d’avoir plus de 60 ans). Parait qu’avec ma tête d’ang mo (dixit ma fiancée) qui ne parle pas chinois ils ne voudront pas de moi.
Je te remercie pour ta réponse en tout cas, tout ce qu’il me reste à faire c’est d’aller tenter ma chance… au moins j’ai pas le problème de devoir trouver un logement et de risquer de mourir de faim si je ne trouve pas le premier mois… même si 3 mois démarche comprise me paraisse bien court… mais d’autre l’ont fait avant moi… et puis les 5 coups de canne + une peine de prison pour visa expiré ne me font pas envie… :D
Bravo Louis pour ton blog .
Nous Venons d’arriver a Singapour et ton blog est une mine de renseignements utiles et ecrit de maniere tres drole.
Singapour sera notre 9 eme pays en expatriation et je peux temoigner que ce pays est certainement un des pays les plus faciles pour s’expatrier ,securite , infrastructure,logement , education etc .
Pour am part, c’est un peu Disneyland et bisounours et manque d’exotisme mais cela depend des personnes et de ce que l’on recherche dans l’expatriation.
Si au contraire de nous , Singapour est une premiere experience alors gare aux suivantes car la barre est haute tres haute !
Merci Fabienne pour le commentaire et les encouragements :)
Bonjour,
Blog super intéressant et qui donne un très bon descriptif objectif de la vie à Singapour.
On dit qu’elle donne de bonnes opportunités pour réussir dans le business mais moi qui suis dans la branche médicale je voudrais savoir s’il est judicieux de s’y installer en tant que professionnel de santé (Medecin spécialiste)? Est ce que c’est équivalent de la situation en France (Medecins qui travaillent énormément mais un salaire qui ne suit pas du tout le nombre d’heures effectué avec un salaire au final tres peu élevé)?
Merci
Bonjour Shanon,
Merci pour le message. Je n’ai aucune idée pour les professions de Santé mais pour l’instant je n’ai jamais vu de médecins autre que Singapouriens (mais je ne vais pas souvent le médecin). Les infirmiers sont très largement étrangers donc j’imagine que pour eux c’est plus simple. Mais pour les spécialistes, je pense qu’il faut mieux que tu prennes contact où avec la Chambre de Commerce Française à Singapour ou l’Ambassade de Singapour en France. Tu peux aussi aller sur le site du MoM (Ministry of Manpower) qui devrait avoir des régulations sur le sujet (si le métier est régulé pour les étrangers à Singapour.