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Colère noire pour Dîner en blanc à Singapour

Il était une fois un Dîner en blanc…

Un concept né en France qui propose un pique-nique surprise dans un lieu original (c’est à dire qu’en général le lieu n’a pas vocation première à accueillir ce type d’évènements). Le lieu est tenu secret et les invités sont soumis à des règles très précises (que ce soit au niveau du dress code, de la taille des tables, du déroulement du pique-nique…, la liste des règles est disponible sur le site officiel).

De surcroît le Dîner en blanc n’est pas ouvert à tous mais soumis à une “Guest list” qui peut-être ouverte au commun des mortels (dans le cas où il reste des places). C’est à dire que si vous n’avez jamais participé et si vous n’êtes pas parrainé, il faut vous inscrire sur une liste d’attente (et dans le cas où vous êtes retenus, vous ne le saurez que 48 heures avant).

Ce concept s’est également exporté à l’international et cette année Singapour fait partie des villes ‘retenues’ (oui parce qu’on ne peut pas organiser un Dîner en blanc librement). Toutes ces règles draconiennes pourraient faire passer l’évènement pour un happening élitiste destiné à quelques happy fews (enfin tout de même 2000 personnes à Singapour) mais il faut souligner que cela permet de faire de cet évènement un moment unique (enfin selon les organisateurs).

 

Dîner en blanc à Singapour

Pour la première édition du Dîner en Blanc à Singapour, les organisateurs et leur agence RP se sont appuyés sur les nombreux blogueurs Singapouriens pour promouvoir l’évènement. De nombreux blogueurs se sont prêtés au jeu et on écrit des articles sur le sujet.

Parmi eux, Daniel du blog Daniel’s Food Diary a fait un post faisant mention de 12 types de plats que les invités pourraient éventuellement amener avec eux. Il s’agit de plats locaux uniquement afin d’apporter une touche de diversité et puis après tout, le Dîner en blanc se passe à Singapour donc autant en profiter pour promouvoir l’excellente cuisine locale.

J’imagine qu’à New-York il y a eu des cupcakes blancs, de la Pana cotta à Milan et qu’à Paris il y a eu du fromage blanc avec du miel alors pourquoi pas du tau hway à Singapour. Rien de choquant ? A priori l’organisation n’est pas du même avis puisqu’elle a demandé à l’agence d’agir contre le blogueur.

Peut-être qu’il y a eu une erreur de communication (entre l’organisation, l’agence RP et le blogueur),  mais dans ce cas là il suffisait de contacter le blogueur pour lui demander d’éditer le post (Et cela arrive, dans un article du blog je me suis trompé sur le prix d’un brunch et l’établissement m’a gentiment contacté pour me signifier l’erreur, pas de souci).

Non, ici l’organisation a demandé à Daniel de supprimer le post. Rien que ça. De la censure à l’état brut. Dîner en blanc demande à des blogueurs de faire la promotion de son évènement, et si l’article ne leur plaît pas il leur demande de retirer le post ? D’ailleurs pour être sûr qu’il y ait bien compris, Dîner en blanc va enlever Daniel de la liste des invités (pour éviter le risque qu’il ramène du tau hway j’imagine…).

 

Effet Streisand

Que la qualité des mets ne soit pas en accord avec le concept peut être éventuellement discutable et sujet à interprétations comme le souligne le blogueur Leslie Tay (de l’excellent blog IeatIshotIpost) : “si pour l’anniversaire de mariage de ta femme tu l’emmène manger du chicken-rice alors  tu risque fort de passer la nuit sur le canapé”.

En revanche le fait que l’organisation demande à Daniel de supprimer son post, puis ensuite lui retire ses invitations est invraisemblable. De surcroît l’organisation de Dîner en blanc a retiré de la liste d’invités tous les blogueurs Singapouriens. Oui vous avez bien lu, tous les blogueurs de Singapour et pas juste Daniel. Excuse avancée : trop de monde, pas assez de place donc on retire les invitations des blogueurs (logique imparable, encore une fois).

Il faudrait donc dire uniquement du bien d’un évènement pour y être invité ? La force des blogs c’est justement leur indépendance et leur ton décalé par rapport aux médias classiques et c’est ce qui fait leur intérêt.

 

Colère noire

L’affaire aurait pu en rester là, sauf que c’est oublier que la nourriture et les food blogs à Singapour sont très suivis. Du coup l’information a été reprise non seulement par les autres bloggueurs : Mr Brown, IeatIshotIpost, Alvinology, MoonBerry,… Mais également par la presse traditionnelle. Le Straits Times, YahooAsiaOneInSing,… L’organisation de Dîner en blanc a réussir à faire l’unanimité contre elle, de Singapore Press Holdings (SPH) à la blogosphère Singapourienne.

Les sponsors sont également mis sous pression, certains commentaires appellent OCBC (une banque locale) à retirer son sponsoring et de nombreuses voix commencent à dénoncer dles règles ultra-restrictives sur l’alcool (chasse gardée du Champagne Perrier-Jouët, interdiction de ramener d’autres Champagnes). De leur côté, les blogueurs Singapouriens ont lancé un contre-évènement la même jour : Makan Day.

L’organisation a fait paraître un communiqué d’explications sur le site officiel afin de calmer le jeu. Malheureusement l’image du Dîner en blanc à Singapour est écorné, et ce pour un petit moment. La position de l’organisation est très difficilement tenable, sans compter que se cacher derrière une ‘erreur de communication’ n’est pas très habile. Quand on établit autant de règles pour un dîner et qu’on se comporte en dictateur pour sa communication alors autant en assumer les conséquences.

Au passage la suppression de la page Facebook de Dîner en blanc est une erreur, cela n’arrêtera pas les commentaires négatifs qui vont continuer à se diffuser partout au lieu d’être centraliser dans un espace unique où l’organisation peut répondre (solution de facilité mais grossière erreur). A noter qu’en revanche le bannissement des blogueurs est toujours d’actualité (pour éviter que certains fassent l’affront d’apporter des plats locaux j’imagine).

C’est une tempête dans un verre d’eau, mais qui souligne les problèmes actuels de la Cité-Etat vis-à-vis du ressentiment envers les étrangers. De surcroît, compte-tenu des commentaires, cela va encore rajouter du kérosène sur le feu, et cette fois ci, les français sont en première ligne !

Je vous épargne les “take this shit back to France” et autres joyeusetés qui pullulent en ce moment. De mon côté, j’en profite pour aller déguster un délicieux tau hway avec Celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

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