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Les paradoxes du marché du travail à Singapour

Les banques à Singapour

Le marché du travail à Singapour

A lire les médias, le marché du travail à Singapour est un eldorado. Outre un taux de chômage très bas, la presse se fait souvent échos des difficultés pour les entreprises de trouver des talents, et ce en dépit de rémunérations attractives.

De l’autre côté, de nombreuses personnes se plaignent de ne pas trouver de débouchés dans la Cité-Etat ou hésitent à accepter des salaires qui sont parfois en deça de ce qu’ils pouvaient espérer en France.

Par exemple même la copine du Bachelor a dû rentrer en France par manque d’opportunités professionelles (Interview étonnant de franchise : pas souvent qu’une personne avoue publiquement que ce n’est pas facile de trouver un job à Singapour dans certains domaines).

 

Inadéquation entre l’offre et la demande

Le marché du travail à Singapour souffre d’une inadéquation flagrante entre l’offre et la demande. D’une part les Singapouriens aspirent à des jobs de cols blancs et ne sont pas franchement emballés à l’idée de devenir ouvrier ou travailler pour certaines industries.

A l’instar de la France, certains secteurs se retrouvent avec une pléthore de candidats, alors même que les offres d’emplois sont limitées.

Traditionnellement des secteurs comme la communication et le marketing sont relativement compétitifs ce qui permet aux employeurs de dicter leurs choix et surtout de ne pas proposer des rémunérations élevées étant donné l’abondance de main d’oeuvre. Encore une fois ce problème n’est pas propre à Singapour mais est également l’apanage de nombreux pays développés.

Par exemple en France, il y a trop de personnes qui étudient l’Histoire de l’Art, la Philosophie*, la Psychologie ou encore l’Education Physique alors même que ces secteurs n’offrent finalement que très peu de débouchés.

Idem à Singapour où les diplômés de certains secteurs (Marketing, Communication, Social Sciences,…) ont dû mal à trouver un emploi (ou tout du moins à un niveau de rémunérations satisfaisant) alors que d’autres souffrent d’un déficit criant de main d’oeuvre : Hôtellerie & Restauration, Infirmières, Retail, Ingénieurs**,…

 

La concurrence de la main d’oeuvre étrangère

Un des autres paradoxes du marché du travail est la relative faiblesse de certaines rémunérations pour certains secteurs.

Certains postes souffrent d’une compétition accrue dûe à la présence massive de travailleurs qualifiés dans les pays voisins. Des étrangers qui n’hésiteront pas à venir s’installer à Singapour pour un salaire relativement moins important que les locaux ou encore les expatriés Français (n’hésitez pas d’ailleurs à consulter les salaires moyens des jeunes diplômés à Singapour).

Par exemple dans le domaine de l’IT, certains départements (QA, IT Support, Back-office,…) sont quasi-exclusivement composés d’Indiens, de Philippins ou de Vietnamiens. Et la plupart du temps ceux-ci sont issus des mêmes Universités que les Singapouriens mais sont relativement moins chers en termes de rémunérations (sauf si ils sont PR).

Parfois les effets se cumulent rendant la situation de plus en plus difficile : alors même que certains secteurs souffrent d’un déficit de main d’oeuvre comme l’Hôtellerie & Restauration ou le retail, les salaires n’augmentent toujours pas dans ces branches car les postes sont traditionnellement occupés par des étrangers.

Faîtes le test : quasiment tous les restaurants et bars de la ville ont des annonces d’embauches sur leur façade. Idem pour les magasins.

 

La solidarité Nationale

C’est un des sujets tabous chez presque toutes les nationalités, sauf peut-être les Français. Les gens ont une tendance lourde à embaucher des compatriotes.  Evidemment c’est interdit par la loi, mais cela reste toujours très difficile à prouver.

Du coup vous aurez sans doute plus de chances si vous passez les entretiens avec des managers Français dans une boîte Française. L’avantage d’être Français c’est que notre pays est plutôt neutre aux yeux de nombreux managers étrangers.

Après à chacun de voir si il est plus intéressant d’avoir une équipe composée d’une ou deux nationalités ou au contraire avoir une annexe des Nations Unies dans son équipe***.

Personnellement je préfère avoir une équipe avec maximum un ou deux représentants du même pays. Certes c’est compliqué d’organiser des repas d’équipe mais c’est aussi beaucoup plus simple pour les vacances et la vie au quotidien notamment au niveau de la langue : anglais obligatoire lorsque l’on se parle dans l’équipe même si on vient du même patelin en Bretagne****.

 

Un modèle voué à évoluer ?

Heureusement pour Singapour, l’afflux de main d’oeuvre étrangère, la fléxiblité des lois du travail et le peu de charges et impôts infligés aux entreprises permettent à la ville de s’en sortir et d’afficher un taux de croissance et un taux de chômage à rendre jaloux n’importe quel pays Européen.

Mais avec la remise en cause de l’immigration, les réclamations de la population pour plus de redistribution et de justice social, Singapour n’arrive-t-elle pas aux limites de son marché du travail ?

 

*J’adore la Philosophie et je reprendrai certainement des études dans ce domaine, mais je suis également conscient que je le ferai à des fins de dévelopement personel et non pas pour trouver un travail.

**Si vous êtes un ingénieur, alors n’hésitez pas à tenter votre chance, de nombreuses entreprises vous feront un pont d’or et vous proposeront de très bons packages. En revanche si vous êtes dans le secteur MarCom, la concurrence risque d’être plus rude… Même si il y a tout de même plus d’opportunités qu’en France donc n’hésitez pas à venir si vous pensez que vous avez un bon profil. 

***Singapour – Taiwan – Chine – Vietnam – Philippines – Inde – Allemagne et un Breton à la barre pour mener la navire.

****Il doit il y avoir plus de Bretons à Paris qu’en Bretagne…

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