De nos jours, il y a peu près autant de raisons que de candidats au départ de France et le profil des migrateurs vers l’Asie est devenu beaucoup plus hétéroclite qu’il y a une dizaine d’années.
Seul dénominateur commun : une envie d’ailleurs et de réussite, que cela soit d’un point de vue professionnel, financier ou humain.
Peu importe les raisons du départ, partir vivre à l’étranger est un challenge qui ne se réduit pas à une seule dimension (pécuniaire, culturelle, linguistique,…) et il n’est pas si facile que ça de s’adapter à un nouveau pays.
Chaque situation est différente
Et surtout en fonction de votre profil, vous n’allez pas avoir les mêmes dépenses. Singapour est une ville qui affichent des prix attractifs sur certains points (nourriture, transport en commun,…), plutôt chers sur d’autres choses (frais de scolarité, logement, médecine courante…) voir totalement des tarifs délirants pour certains biens et services (voiture particulière, frais d’hospitalisation…).
Par exemple :
- Une famille avec des enfants au collège (et qui vient en sachant qu’elle souhaite revenir en France dans 2 ans) va être quasiment obligée de scolariser ses enfants au Lycée Français de Singapour.
- Un jeune couple qui ne reste que la durée d’un VIE (un ou deux ans) essaiera de maximiser ses weekends afin de profiter des trésors de l’Asie du Sud-Est et sera vraisemblablement peu présent dans la Cité-Etat.
- Un jeune salarié qui ne souhaite plus retourner en France ne risque pas de s’inscrire à la Caisse des Français de l’Etranger et optera plutôt pour une épargne retraite privée.
En fonction de votre situation vous allez aussi adapter votre budget logement : si vous êtes là pour un an, vous allez favoriser un logement sans doute un peu plus cher afin de profiter de la ville (quitte à ne pas faire d’économies) alors que si vous restez plusieurs années, vous serez sans doute plus attentif au loyer (A noter que de nombreuses personnes optent pour un logement plus humble après la première année dans la Cité-Etat).
Quels profils pour venir à Singapour ?
Gardez à l’esprit que cela reste un avis subjectif et non une règle gravée dans le marbre. Je ne dispose pas de don de divination.
Les jeunes diplômés
C’est la catégorie qui a le plus souffert de la concurrence ces dernières années, les salaires moyens des jeunes diplômés à Singapour sont meilleurs qu’en France mais compte-tenu du coût de la vie, il va falloir se serrer la ceinture. Et surtout la concurrence est de plus en plus vive.
Le gouvernement, ainsi que les entreprises, favorisent clairement les étudiants ayant fait des études sur place (de toute façon les RH dans les entreprises de Singapour connaissent rarement les Grandes Ecoles et Universités françaises).
Jusqu’en 2011, il était possible de se lancer sans trop de soucis, mais depuis c’est devenu beaucoup plus difficile. Sauf à avoir une spécialité rare, c’est un vrai pari de se lancer à Singapour sans une première expérience professionnelle significative.
Jeunes cadres sans enfants
Que vous soyez seuls ou en couples, Singapour reste un excellent choix. En général vous voulez travailler plus pour gagner plus… Et vous avez peu d’engagement (pas de crédit immobilier à rembourser par exemple). Singapour est un véritable boost pour la carrière et permet de se mesurer à la concurrence.
Il est possible de décrocher des bonus et des rémunérations beaucoup plus importantes qu’en France.
Le coût de la vie est un souci mais il est compensé par des impôts beaucoup plus faible qu’en métropole et un cadre de vie plus attractif qu’à Paris : la plupart des jeunes vivent dans des condos avec piscine, disposent d’une femme de ménage, n’ont pas besoin de faire la cuisine, s’envolent pour des weekends de rêves,… Cela reste la catégorie qui aura le plus de chance de ‘faire son trou’ à Singapour.
Les familles avec des enfants en bas-âge
Là encore cela reste intéressant. La maid, qui auparavant était un luxe, est quasiment devenue la norme chez les familles françaises (bientôt un article sur les maids : luxe ou nécessité à Singapour ! Je sens que je vais déclencher une guerre sur Singapour Nanas).
De surcroît la majorité des écoles locales offrent des cursus bilingues : quel bonheur de pouvoir offrir à ses enfants la chance de parler anglais et mandarin à l’école (et le français à la maison).
Les familles avec des enfants scolarisés
Sujet difficile. En 2015, compte-tenu de la situation, mieux vaut venir en ayant un package prenant a minima la scolarité des enfants et les billets A/R pour la France et si possible le logement.
Ce n’est pas par hasard que les Singapouriens affichent l’un des taux de natalité les plus faibles du monde : avoir des enfants à Singapour coûte cher, très cher.
Entre la scolarité, le transport scolaire, les activités, l’assurance santé, les anniversaires, le logement, les voyages, les retours en France, la potentielle maid à plein-temps,… Cela fait beaucoup de dépenses qui sont souvent sous-estimées par les familles.
Les retraités
La population des seniors va augmenter rapidement dans les prochaines années et surtout la prise en charge de la vieillesse est encore à 95% une affaire familiale (les couples vivent avec leurs enfants et leurs parents âgés).
Les structures ne sont pas encore totalement adaptées pour l’instant (mais cela change rapidement) et le gouvernement fait beaucoup d’effort pour prendre en charge la fameuse “Pioneer Generation”.
De toute façon à moins d’être riche ou de pouvoir bénéficier du visa d’un proche, il est peu probable que le gouvernement de Singapour vous délivre un titre de séjour.
Les sans-diplômes
C’est le salaire plus que le visa qui est un problème. Il va être difficile de décrocher un salaire décent étant donné que les salaires sont très faibles à cause de la compétition des autres pays d’Asie du Sud-Est qui fournissent la majorité de la main d’oeuvre bon marché sur l’île.
Certes on peut vivre avec un salaire inférieur à 1,500$ par mois mais à condition de ne pas avoir de couverture santé, de ne pas rentrer en France et de prendre peu ou pas de vacances, de ne pas épargner…
Cela commence à faire beaucoup de sacrifices. A moins d’avoir une bonne raison (et cela existe), Singapour n’est peut-être pas la meilleure des destinations en Asie si vous n’avez pas de diplômes.
Sur une note plus sympathique : le plus dur n’est pas de venir à Singapour mais bel et bien de quitter sa zone de confort en France (ou ailleurs).