La condition des employées de maison à Singapour est un sujet souvent tabou à Singapour, indispensables à de nombreux foyers, ces petites mains s’occupent du travail, souvent ingrat, au sein d’une maison. L’amélioration de leur conditions de vie est un sujet souvent débattu à Singapour et tout le monde à un avis sur les choses à faire, où ne pas faire.
Et aujourd’hui c’est Virginie, bénévole d’aidha (association qui vient en aide aux employées de Maison à Singapour), qui nous présente le projet de l’association dans la Cité-Etat.
Présentation rapide d’aidha
Il y a plus de 200,000 foreign domestic workers (plus connues sous le nom de helpers ou employées de maison) à Singapour. Ces femmes, qui viennent des régions les plus pauvres d’Asie, quittent leur famille pour devenir employées de maison dans un pays étranger et parfois lointain, afin de pouvoir faire vivre leur famille restée dans leur pays d’origine; c’est ce désir de sortir de la pauvreté qui les amène a faire ce sacrifice.
Malheureusement, très souvent, les versements qu’elles effectuent chaque mois à leur famille créent une sorte de cercle vicieux : leurs familles deviennent dépendantes de ces versements, et il ne reste à la domestic worker rien ou très peu en termes d’économies.
aidha est une association caritative créée en 2006 qui propose aux helpers un cursus de deux ans qui vise non seulement à leur délivrer une éducation financière (planifier ses dépenses, établir un budget, économiser et investir son argent), mais aussi à développer de solides compétences en matière de communication (apprendre à dire non à certaines demandes de la famille, présenter son projet personnel, négocier avec des fournisseurs…) et en matière de création et gestion de petites entreprises dans leur pays d’origine, afin de leur assurer un avenir financier stable.
Que proposez comme programme ?
Notre cursus est composé de 2 modules de 9 mois chacun, à raison de 3 heures de cours le dimanche deux fois par mois dans les classes de NTUC. Dans le premier module, les étudiantes participent à un Financial Compass Club ou elles apprennent à préparer un budget et à économiser, avec les encouragements de leur classe et l’accompagnement de leurs mentors.
Une grande partie des cours est également orientée sur le développement personnel avec le Leadership Club, ou elles apprennent notamment à prendre la parole en public. Enfin les ateliers informatiques complètent le curriculum de la première année : ils couvrent les bases et les outils de communication tels que Skype, Facebook, Gmail et MS Office).
Le deuxième module est dédié à la construction d’un projet professionnel: de l’étude de marché, au développement d’un business plan, en passant par la gestion des stocks, la gestion de trésorerie, le calcul de la rentabilité… dans le cadre d’un Venture Club.
Les étudiantes participent aussi à un Advanced Leadership Club où elles approfondissent leurs compétences en matière de communication, appliquées au management et aux relations professionnelles dans le cadre de l’entreprise (ex : negotiation, gestion des fournisseurs et des clients, relations avec les partenaires et le personnel…).
Quelles sont vos méthodes d’enseignement ?
Nous avons la conviction qu’apprendre à gérer un budget ne suffit pas à transformer de mauvaises habitudes financières si cet apprentissage n’est pas suivi d’action. En d’autres termes, ce n’est pas parce que vous savez comment faire des économies que vous le ferez !
C’est pour cela que tous les cours d’aidha sont centrés sur l’action et le changement: les étudiantes doivent par exemple noter toutes leurs dépenses, établir un budget avec leur mentor qui les guidera dans leurs démarches.
Saviez vous que notre modèle de Financial Compass Club est inspiré du succès des Weight Watchers ? Dans cet atelier, les étudiantes expliquent à leurs collègues leurs objectifs en termes de budget, leurs succès mais aussi les difficultés qu’elles ont rencontrées – ces échanges créent un véritable soutien (avec une petite dose de pression !) qui les aident à atteindre leurs objectifs.
Un autre aspect de notre cursus touche au développement personnel. Les domestic workers sont très souvent mal considérées ou simplement ignorées, alors qu’elles sont une composante essentielle de la société Singapourienne. Difficile d’avoir une image positive de soi dans ces conditions.
Pour reconstruire cette estime de soi, nous les aidons à retrouver une voix. Dans notre cours de Leadership Club, inspiré du célèbre Toastmasters, les étudiantes doivent tour à tour prendre la parole devant la classe entière.
Bien souvent au début elles hésitent. Beaucoup ne prononcent pas un mot la première fois. Mais peu à peu, avec les encouragements de leurs collègues et de leur mentor, elles commencent à parler et à prendre confiance en elles.
Le chemin parcouru depuis le premier cours jusqu’à la cérémonie de diplôme où elles peuvent prononcer un long discours, avec humour et conviction, devant plus de 300 personnes est tout simplement incroyable !
Quel est l’impact de votre programme ?
Notre dernière étude montre que le cursus aidha fonctionne!
- Nos étudiantes, qui entament en général notre cursus avec pas ou peu d’économies réussissent à économiser en moyenne $2024 en 9 mois, une somme qui représente souvent plus de la moitié de leur salaire sur cette période – et ces économies ne s’arrêtent pas la, car 9 étudiantes sur 10 continuent à économiser par la suite.
- 66% des étudiantes qui ont terminé le cursus ont investi leurs économies dans au moins deux biens générateurs de revenus : un terrain, une vache, ou une petite entreprise
- 88% des étudiantes aidha qui ont créé une petite entreprise font vivre leurs familles avec l’argent que génère cette entreprise.
Au delà des chiffres, ce sont des vies qui sont véritablement transformées. Vous pouvez par exemple lire l’histoire de Nilu sur le blog d’Olivia.
Quel est l’intérêt pour les familles ?
Les difficultés financières d’une employée de maison deviennent très vite les problèmes de son employeur: une employée avec de graves problèmes d’argent n’aura clairement pas toute son attention fixée sur son travail !
aidha aide les domestic helpers à se construire un projet d’avenir ; elles auront alors un objectif précis à atteindre (que ce soit un montant d’économies à réaliser, ou un projet de création d’entreprise à monter), qu’elles pourront réaliser grâce à leur salaire – c’est cet objectif qui donne alors un vrai sens à leur travail.
Les cours sont aussi le moyen pour les employées de maison de forger entre elles de solides amitiés, dans un cadre positif. Les employeurs de nos étudiantes nous font souvent fait part de réels changements : leurs helpers sont plus concentrées sur leur travail, prennent davantage d’initiatives et ont en général une meilleure relation avec leur employeurs.
Comment peut-on aider aidha ?
Il y a de nombreuses façons de soutenir notre mission :
- Offrez à votre domestic worker le cursus aidha, c’est lui offrir un avenir !
- Rejoignez notre équipe de bénévoles : aidha fonctionne grâce à l’énergie, au talent et à l’enthousiasme de plus de 200 bénévoles : nous sommes toujours à la recherche de bénévoles que ce soit pour dispenser les cours (les bénévoles qui veulent devenir mentors seront spécifiquement formés sur le curriculum mais aussi sur tous les aspects pédagogiques), ou rejoindre les équipes d’administration, de fundraising, de marketing ou de gestion.
- Aidez-nous à financer aidha en faisant un don ou en organisant un fundraising event dans le cadre de votre entreprise ou même entre amis ! En effet les droits d’inscription à nos cours ne couvrent qu’une petite partie des dépenses (notamment les dépenses concernant la location des classes, la production des brochures). Nous ne recevons aucune subvention de l’état et dépendons donc des dons pour pouvoir continuer notre action !
Merci à Virginie d’avoir pris le temps de nous présenter aidha et son action. Vous pouvez retrouver plus d’informations sur le site web d’aidha. Pour tout renseignement, merci de contacter aidha par email: info@aidha.org ou par telephone au 6884 9938.
