Ne dites surtout pas à Gaëlle que HK et Singapour c’est la même chose. Après avoir passé 3 ans à Hong-Kong et autant à Singapour cette Suissesse est bien placée pour porter un regard sur deux villes qui paraissent si semblables mais sont pourtant si différentes. C’est sous le pseudo de Merichan que cette jeune mère de famille raconte, depuis 2009, ses expériences en Asie sur son blog (Le petit monde de Merichan).
Coût de la vie, famille, transports et erreurs à ne pas commettre : c’est avec franchise et sans langue de bois qu’elle nous éclaire sur son expérience à Singapour tout en soulignant les différences entre la Cité-Etat et sa rivale chinoise.
Présentation rapide !
Légalement mes parents m’ont appelée Gaëlle. Mais depuis un peu plus de 7 ans je traine un alter-ego envahissant et nettement moins timide que moi en répondant tout aussi efficacement au pseudo de Merichan (prononcer meri- tchane) . Merichan, parce que, jeune maman, j’ai commencé à écumer les forums parentaux de Suisse après notre second déménagement, sous ce pseudo et comme une grande partie de mes amies rencontrées à cette époque via le net justement, m’appellent meri même dans la vraie vie, le jour où j’ai commencé à bloguer – un peu par hasard alors que je tenais des chroniques pour des petits cercles depuis des années – c’était naturel de continuer à l’utiliser.
J’ai 31 ans, employée de banque de formation mais maman au foyer depuis 8 ans, blogueuse en dilettante parce que quoi que je fasse écrire est aussi vital que respirer. J’espère, d’ailleurs, un jour arriver à remplacer aspirant-écrivain, par écrivain tout court (mais on va dire qu’accoucher de ma fille a été plus simple que d’accoucher d’un roman terminé!).
Comment es-tu arrivée à Singapour ?
Comme beaucoup, j’ai suivi mon conjoint dans ses tribulations professionnelles, enfin pour rendre à César je l’ai fortement encouragé quand la question s’est posée pour lui d’accepter de bouger ou pas, donc je suis loin d’être passive dans les déménagements.
On a commencé à bouger rapidement après s’être mis ensemble et 11 ans après on a fait Zurich (ce qui pour des suisses-romands a sans doute été vu comme notre destination la plus folle, d’autant plus qu’on a adoré vivre en suisse-allemande et qu’on est parti le coeur lourd), Genève, Hong Kong avant de prendre un aller-simple pour Singapour il y a maintenant 3 ans, et on l’espère pour longtemps encore.
La chose qui t’a le plus surprise à Singapour ?
Bonne question. J’étais venue en vacances éclairs avec ma famille d’accueil japonaise il y a 13 ans – je suis partie en échange d’étudiant au Japon pour un an quand j’avais 17 ans- j’étais venue plusieurs fois pour des courts séjours avant qu’on s’y installe pendant qu’on habitait à Hong Kong, donc je savais un peu où je mettais les pieds.
Je pense que ce qui m’a le plus surpris à venir y vivre c’est la mixité, avec 70% de chinois sur le papier je m’attendais pas au mélange culturel que j’ai trouvé. Après presque 3 ans à Hong Kong, et donc des contacts avec les chinois cantonais, j’ai trouvé ici des chinois très différents de ceux de Hong Kong, et un pluri-culturalisme beaucoup plus chamarré.
Le coût de la vie est-il plus élevé à Singapour ou en Europe ?
Question piège, parce que de base je suis Suisse, donc que d’être prise pour une vache à lait qui vit dans un pays dont les gens pensent que les rues sont pavées d’or, c’est l’histoire de ma vie.
En plus j’ai des allergies alimentaires, un régime spécial, donc que mon budget alimentaire a toujours été plus élevé que la moyenne, parce que je dois prendre une partie de mes produits dans des filières d’importations qui coûtent les yeux de la tête partout dans le monde. A vrai dire, je pense que proportionnellement je dépensais plus à Hong Kong ou en Suisse qu’à Singapour pour obtenir mes produits de régime, qui étaient plus rares là-bas qu’ici.
Bref quand je regarde Singapour avec les yeux d’une Suisse, je ne vois pas Singapour comme si cher que ça. Et quand je regarde Singapour avec les yeux de quelqu’un qui vit ici, compare avec les prix des pays avoisinants, je reconnais qu’il mérite son étiquette de Suisse de l’Asie, mais comme pour moi c’est finalement normal d’être une vache à lait, ça fait partie des coches dans la colonne “charmes de Singapour”!
Quelles sont les pièges à éviter pour les nouveaux expatriés à Singapour ?
Ce qui me vient en tête comme ça:
- Faire ses courses à Market Place trop souvent (faible rotation des produits frais et trop cher).
- Rentrer avec les dites courses dans le bus si on a plus d’un ou deux sacs – on prend un taxi quand on a des courses! Les regards assassins qu’on nous lance nous mettent vite au pas.
- Penser les temps de trajet constants – et le métro forcément plus rapide – quand on va quelque part, alors que selon l’heure ça passe facilement du simple au triple.
- Compter sur l’apparition d’un taxi un jour où on est à la bourre (à fortiori si c’est vendredi à 16h, heure traditionnelle des changements de services).
- Compter en tant que jeune maman sur nos enfants pour nous socialiser dans le Condo, ils aident à socialiser la helper pas la maman, vu que les séparations de facto des classes les helpers ne vont pas parler aux Ma’am quand on est ensemble au playground.
Tu préfères Singapour ou Hong-Kong au final ?
Il y a un truc qui fait pencher la balance, et qui fait que je donne mon vote à Singapour haut-la-main, c’est la pollution. Je suis asthmatique, et c’est pas que j’aimais pas Hong Kong. C’est plutôt Hong Kong qui m’aimait pas! Mais s’il y avait pas eu les questions de pollution ce serait plus dur de donner le vote final. C’est deux villes très différentes, avec chacune leurs charmes. Dur de les décrire dans leur entièreté mais…
Hong Kong c’est une fourmillière miniature – l’île de Hong Kong même c’est 80km2 – on se dépeche, on se bouscule, on est à l’étroit, on est bruyant, et tout le monde va à 100 à l’heure tout le temps, tu montes et tu descends sans arrêt parce que rien n’est plat. La ville ne dort jamais – enfin sauf en T8, l’alerte typhon à partir duquel tout s’arrête- C’est une ville qui te prend aux tripes et t’emmène dans sa danse et si tu survis tu veux plus jamais la lâcher, et puis tu prends un bateau, tu vas dans les îles avoisinantes, et tu es dans un tout autre Hong Kong, où le temps est indolent, au milieu des montagnes.
Singapour à notre arrivée par comparaison nous semblait plate et endormie. Mais dès que tu te mets à son rythme c’est l’espace, la verdure partout autour, des bâtiments à taille humaine, les réserves naturelles à deux pas et dans lesquelles on peut se perdre en pleine jungle, les oiseaux, les singes (on habite pas loin du McRitchie donc ils viennent visiter notre Condo de temps en temps), les foodcourts, la propreté, ce mélange d’Asie et d’occident. Le fait que chaque culture a sa place pour s’exprimer et que tu peux faire le tour du monde en quelques kilomètres. Et puis avec de jeunes enfants, c’est une ville beaucoup plus accueillante, avec beaucoup plus de choses à faire que Hong Kong.
Oysters Omelette ou Century Eggs, tu choisis quoi?
Sur le papier Century Eggs -je n’aime pas les huîtres- mais en pratique comme je ne sais cuisiner ni l’un ni l’autre, je suis encore et toujours face au même problème d’ingrédients avec mes allergies et de confiance face aux restaurateurs qui souvent ne savent pas tout ce qu’ils ont comme ingrédients dans leurs produits et ne comprennent pas l’importance de vérifier.
Bon d’accord j’avoue, c’est un peu un prétexte, en vérité je suis surtout une accro au sucre invétérée: la vraie question c’est plutôt Chendol ou Mooncake (j’avais une source sans gluten à Hong Kong) et là mon coeur balance, à vrai dire je prends les deux !
Merci à Gaëlle d’avoir gentiment répondu aux questions. Vous pouvez continuer à suivre ses péripéties en Asie sur son blog. A bientôt dans le petit monde de Merichan!
