Bernard, Globetrotter et Citoyen du Monde

Aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir Bernard qui s’occupe du blog Singapour – Lettres d’une cité-monde. Après avoir vécu en Inde, c’est à Singapour qu’il a posé ses valises et il ne peut s’empêcher de nous livrer ses impressions entre deux pays qu’à priori tout sépare.

Entre ses racines sur plusieurs continents, une famille française et internationale à la fois, Bernard se considère comme un invité dans cette cité-monde ce qui ne l’empêche pas pour autant d’avoir un regard objectif sur son pays d’accueil.

 

Présentation rapide !

Appelez-moi Bernard – le prénom était à la mode quand mon grand-père le portait. De culture et de passeport français, j’ai grandi dans les écoles et les valeurs de la République. Le hasard m’a fait naitre à Stockholm avec des racines en Europe centrale et en Afrique du Nord ; la vie m’a donné une épouse sud-africaine ; ma profession a fait naitre mes enfants à New Delhi.

Enfants au Pinnacle (photo issue du blog Singapour - Lettres d'une cité-monde)

A part ca, la routine. Ah, et la chance immense de parcourir l’Asie-Pacifique pour ma boite, spécialisée dans la gestion de l’énergie.

 

Comment es-tu arrivé à Singapour ?

Nous avons été téléportés d’Inde  – il n’existe aucun autre moyen connu de changer de galaxie. Singapour est aussi efficace, attendue, contrôlée et mesurée que l’Inde est désorganisée, imprévisible, incontrôlable et démesurée.

Dans l’instant, Singapour est terne tandis que l’Inde est enchanteresse ; dans la durée, Singapour est impressionnante alors que l’Inde est désespérante. L’un est un régime semi-autoritaire quand l’autre est la plus grande démocratie du monde ; j’ai pourtant ma petite opinion politiquement incorrecte sur celui des deux qui respecte le plus les droits de l’homme.

Petites filles indiennes (photo issue du blog Singapour - Lettres d'une cité-monde)

Malgré tout cela, au départ d’Inde,  voire plus tard lorsque le regard tombe sur quelque photo du pays et de ses habitants, un sentiment indéfinissable de nostalgie s’empare de l’exilé– sentiment irrationnel, sentiment déraisonnable.

 

La chose qui t’a le plus surprise à Singapour ?

M’étant rendu auparavant plusieurs fois à Singapour, j’en connaissais déjà l’efficacité légendaire et la verdure omniprésente. Ce qui m’a plus surpris, c’est la quantité de choses que l’on peut y trouver et y faire. On m’avait pourtant décrit la ville comme aseptisée, si petite et dépourvue de motifs d’intérêt que son attrait principal était de pouvoir en sortir facilement – dès lors qu’être ami du Zoo et du Science Center ne suffisait plus.

Mais les activités ne manquent pas entre la nature luxuriante, les multiples traces de la Seconde Guerre Mondiale, les quelques musées mettant en scène le développement de Singapour, le simple parcours du territoire et de ses prouesses architecturales, les animations de ville, les quartiers ethniques, les galeries et les musées d’art ou d’histoire.

Reflections Henderson Waves (photo issue du blog Singapour - Lettres d'une cité-monde)

L’autre surprise, plus grande encore, est que la réputation d’autoritarisme intransigeant de Singapour me semble faire progressivement place à plus de souplesse et de tolérance, même si l’Etat paraît ne pas vouloir en convenir.

 

Comment t’est venue l’idée de faire créer ton blog ?

Le fait déclencheur du blog est raconté dans son tout premier billet : entre l’appel du taxi et mon arrivée au lounge de l’aéroport Changi, 35 minutes à peine s’étaient écoulées – un temps infime comparé à ce que j’allais retrouver le soir même à Mumbai. J’en ai écrit le récit, l’ai envoyé à mes amis en Inde histoire de les narguer un peu, puis ai décidé de la mettre sur un blog.

Port from Pinnacle (photo issue du blog Singapour - Lettres d'une cité-monde)

Plus généralement, j’ai voulu partager ma quête de la découverte et la compréhension fines de Singapour. Plonger dans l’histoire, la culture, la société, la ville. Désassembler l’édifice singapourien pour mieux en déterminer les ressorts. En souligner les forces, pour peut-être s’en inspirer – qui sait ? Et naturellement en garder à l’esprit les faiblesses. Partager, et me souvenir.

Mon blog a le privilège rare d’être complètement inutile – on n’y trouvera ni conseil pratique pour s’installer, ni bon restaurant, ni destination de week-end ; bref, pas le moindre bon plan ! Au moins le ton est donné ;-)

 

Quelle est la chose qui te manque le plus à Singapour ?

Ce qui me manque, c’est ce qui s’écoule et ne se représentera pas : le temps passé loin de mes amis, de mes sœurs, et de mes parents alors que nos enfants grandissent. Tout le reste, je le retrouverai à mon retour.

 

Si tu ne devais retenir qu’un seul souvenir de Singapour ?

Nous étions sur le toit-terrasse du Pinnacle @ Duxton, dans un ilot de verdure, et je m’extasiais devant les réalisations de Singapour. Le bâtiment lui-même, d’abord : aussi loin du logement social traditionnel qu’un A380 peut l’être d’un DC10.

Et puis, au Sud, le port, ses grues géantes, les containers en mouvement, les navires amarrés. A l’Ouest, au-delà de la jungle, les tours Reflections, majestueuses, et plus loin encore la raffinerie de Jurong. Au Nord, la ville à perte de vue. A l’Est, le centre ville et les gratte-ciels qui incarnent le dynamisme économique. En bas, les vestiges tant bien que mal préservés de China Town.

Geylang Saray

J’ai à nouveau éprouvé ce sentiment en tombant sur une série de photos en ligne des Archives Nationales de Singapour. L’une d’entre elles montrait un village sur l’île à la fin des années 60. Singapour, entre jungle et bidonvilles, n’était alors qu’un pays en phase initiale de développement.

 

Pourquoi Singapour est-elle si populaire auprès des français ?

Tant qu’impossible n’était pas français, la France conservait un attrait autre que pour les touristes goûtant à la richesse de notre culture ou les retraités profitant de la douceur de vivre de nos campagnes. Mais voilà : la machine économique s’est enrayée, les structures sociales se sont délitées, le moral s’est effondré.

La jeunesse part ailleurs assouvir son gout de l’aventure, chercher le dynamisme et contribuer à bâtir le monde. Singapour est l’un de ces endroits, d’autant plus que c’est une base logistique confortable et privilégiée pour desservir le reste de l’Asie-Pacifique. A une question innocente de mon blog (Si Singapour était française…), les lecteurs ont répondu avec une véhémence inattendue dénotant l’opinion sans concession qu’ils ont de notre beau pays d’origine.

 

Rojak ou Century Eggs, tu choisis quoi?

A vrai dire j’hésite plutôt entre horfun et popiah. Ne m’en demande d’ailleurs pas la recette. Passe chez moi, je t’emmènerai à Chomp Chomp.

Arbres-Singapore (photo issue du blog Singapour - Lettres d'une cité-monde)

 

Vous pouvez découvrir les réflexions et les pensées de Bernard sur son blog. N’hésitez pas à lire les articles, souvent marrant, toujours pertinent et vraiment intéressant. Cela vous donnera un aperçu différent de Singapour, loin des sentiers battus et des clichés sur la cité-monde.

Toutes les photos (sauf celle de Geyland Saray issue des Archives Nationales) sont issues du blog Singapour – Lettres d’une cité-monde.

2 Commentaire

  1. Interview sympa.
    Il faudrait cependant corriger l’orientation depuis le Pinnacle@Duxton (par exemple, Jurong est à l’Ouest).

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