Phnom Penh 1992-2017 : retour au pays

Jeudi 16 mars 2017

Aéroport international de Phnom Penh. Même pas le temps de me connecter au wifi gratuit que j’ai déjà passé l’immigration. Le nouvel aéroport est efficace.

Les officiers qui d’habitude adorent me poser des questions sur mon visa permanent n’y font même pas attention. Moins de 10 minutes après mon atterrissage, je suis dans une voiture pour le centre-ville. Record battu.

4 ans que je n’avais pas mis les pieds à Phnom-Penh

Ma cousine conduit lentement dans les rues embouteillées de la ville. Je suis de retour pour le mariage de sa soeur qui a lieu ce dimanche.

Dans les rues de Phnom Penh

Mais c’est aussi l’occasion de revenir dans un pays que je ne connais que très peu. Et ce en dépit d’y avoir beaucoup de liens familiaux.

 

Phnom Penh est un vaste chantier à ciel ouvert

De l’aéroport jusqu’à la pointe de Koh Pich (Diamond Island) les projets immobiliers se succèdent. Des gratte-ciels de 30 à 40 étages poussent au milieu de nulle part.

Ma cousine m’explique que les expropriations vont bon train, il faut trouver des terrains rapidement. Les ouvriers quant à eux travaillent tous les jours, y compris le weekend et la nuit.

Les promoteurs immobiliers ont besoin de ces terres pour construire des milliers de condos, centres commerciaux, bureaux,… Mais le reste des infrastructures ne suit pas vraiment, ou plutôt pas du tout.

Seule amélioration : un échangeur est en construction à la sortie de l’aéroport. Pendant ce temps, là toujours pas de véritables transports en commun. En revanche les rues sont toujours inondées de 4×4 de luxe.
 

Le boom de l’immobilier

En 2016 les investissements immobiliers à Phnom Penh se sont montés à 8.5 milliards d’USD. Le PIB du Cambodge la même année était de 22.7 milliard d’USD.

Le pays qui vivait des donations de l’ONU est maintenant sous perfusion de l’argent des développeurs immobiliers, notamment chinois

D’ailleurs le simple fait de parler la langue de Mao vous permet de doubler votre salaire. Mieux, les chinois financent des bourses scolaires, ma cousine étudie à Hangzhou (près de Shanghai) grâce à l’une d’entre elles.

Le nombre de condos livrés va être multiplié par cinq en deux ans

Idem pour les bureaux, alors même que le taux d’occupation peine à atteindre 80%. Les promoteurs immobiliers ne sont pas plus inquiets que cela : les acheteurs sont de riches asiatiques et ne comptent pas vraiment sur les loyers apparemment.

 

Développement du tourisme

Et il n’y a pas que la skyline de la ville qui change. Le tourisme s’est développé à Phnom Penh avec les bons et les mauvais côtés liés à l’arrivée massive de touristes.

La ville essaye de capter une partie des visiteurs venus découvrir Siem Reap et Angkor. Près de 10 millions d’USD ont été dépensés pour rénover les stupas de Oudong (et en construire de nouvelles).

Peine perdue. Les touristes sont beaucoup plus attirés par le charme des jeunes khmers qui monnayent leur corps dans les bars des rues 130-136 et de la rue Pasteur.

Les vieux célibataires dans les restaurants le soir au bord du Mékong ne sont que la face visible de l’iceberg. Les petits KTV ou les méga-complex à la Poseidon (temple de la débauche à Bangkok) ne se cachent même pas et font de la pub sur les tuk-tuk.

Ce n’est pas nouveau. La prostitution a toujours été présente au Cambodge, mais il semble que le phénomène se soit accélérer ces dernières années. La situation est-elle mieux qu’à Bangkok ou Ho Chi Minh Ville? Impossible de le dire.
 

Un condensé de la jeunesse de Phnom Penh

Mes cousines m’embarquent pour manger chez Tipsy, un food court / restaurant où la musique est bien trop forte et où la moitié des tables fêtent un anniversaire. L’alcool coule à flot à un prix dérisoire (surtout si vous venez de Singapour ou d’Europe).

Puis nous allons prendre un verre du côté de Jet’s Containers avec leurs amis. Le lieu est noir de monde et le reste jusqu’à tard dans la nuit. Le ballet des scooters me rappelle le film Diamond Island. Difficile de trouver un endroit au calme, sans même parler d’un endroit pour s’asseoir.

Nous prenons finalement place au sommet d’un conteneur dont le toit semble pouvoir plier à tout moment. Une commande est passée : 20 minute plus tard les boissons arrivent. Il faut savoir prendre son temps. Personne ne trouve anormal d’attendre.

 

Nous sommes très loin du stress de Singapour

D’ailleurs en attendant les vendeurs de rues sont passés plusieurs fois : cacahuètes, spicy mangos et oeufs de cailles font office de snacks.

La ville a sans doute plus changé ces quatre dernières années qu’entre 1992 et 2013

Je demande comment les lieux à la mode le deviennent. Ma cousine m’explique que tout le monde “check-in” sur Facebook et c’est comme cela que l’on découvre les nouveaux endroits à la mode (alors qu’en France plus personne ne fait de check-in Facebook depuis 2011).

Et comme à Singapour, Instagram est en très de devenir plus populaire que son grand frère.
 

Le changement est inévitable

C’est sans doute la principale chose qu’il faut retenir. Le Cambodge est un pays qui change. Parfois en mieux, parfois en pire, cela dépend des points de vue. Mais peu importe votre opinion, le pays change. Et on n’arrête pas le changement.

Les nouveaux malls et autres condos* ne sont pas pour le commun des cambodgiens. La foule à AEON Mall est surtout là pour faire du lèche vitrine. L’écart entre les plus riches et les plus pauvres est tellement visible que cela en devient ridicule.

J’ai vu plus de Rolls-Royce en une journée à Phnom Penh qu’en six ans à Singapour

La classe moyenne est écrasée par le coût de la vie : il faut dire que tout se paye en USD et que le prix plancher de beaucoup de choses est de 1 dollar. Ridicule quant on sait que le salaire moyen au Cambodge est de 250 dollars par mois. Certes la situation s’améliore un pei mais il y a encore du chemin à faire.

De nombreuses initiatives fantastiques sont prises au Cambodge. Les mauvaises langues y voient des projets pour se racheter une conscience, et soulignent le fait qu’il s’agit d’une goutte d’eau au niveau du Cambodge. Je préfère penser que c’est les petits ruisseaux qui font les grande rivières et qu’il faut bien commencer quelque part.
 

Une histoire de famille

Ce n’est pas un article sur le coût de la vie ou la location de condos à Singapour. Mais parfois il faut changer. Parce que le monde ne se limite à la bulle dans laquelle nous vivons dans la Cité-Etat.

J’entretiens des liens distendus avec Phnom Penh et le Cambodge. Je ne viens que quelques jours par an (et encore). Et chaque fois que je viens, je me dis que le pays change encore plus vite, à moins que ce ne soit moi qui vieillit (A relire mon précédent article sur Phnom Penh qui date de 2012).
 

PS : désolé aucune photos des nouveaux condos, tout simplement parce que je n’y ai absolument pas pensé vu que tous les condos se ressemblent en Asie (sauf Elysée à Phnom Penh : le mauvais goût tout simplement). 

 

*Les prix des nouveaux condos peuvent atteindre jusqu’à 1,100 USD PSF soit le même prix que le quartier de Bishan à Singapour.

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