4 dangers qui guettent les nouveaux arrivants à Singapour

99% des questions sur Singapour portent sur le coût de la vie, les visas, les salaires, les logements,… Et effectivement ces sujets sont très importants car de ceux-ci dépendront la réussite d’une expatriation.

En revanche personne (ou presque) ne posent de questions au sujet de l’aspect humain d’une expatriation. Pire les gens s’offusquent que vous puissiez évoquer avec eux ces sujets qui sont pourtant un des premiers facteurs d’échecs et de retours prématurés au pays.

Aéroport de Changi à Singapour

La dimension humaine de l’expatriation est sous-estimée, surtout à Singapour, et les français préfèrent dirent que “Singapore is boring” plutôt que d’avouer que leur vie sociale est peut-être moins intense qu’en France.

C’est un des sujets tabous dans la Cité-Etat (avec les frais de scolarité du LFS, le taux de divorce des couples, l’évasion fiscale et les maids).

1- Un cercle de proches à (re)construire

Nouveau pays, nouveau travail et aussi nouveaux amis. A Singapour tout est à (re)construire et surtout votre vie sociale a de fortes probabilités de changer.

En France vous avez votre famille, vos amis, vos collègues, vos potes de facs, les amis du club de sport… Des gens d’horizons divers et variés et des amitiés tissées au fil des ans et des strates sociales.

Dans la Cité-Etat vous êtes nouveaux. Etre en couple et avec des enfants facilite l’intégration, mais dans tous les cas, il faut faire des efforts. Et souvent, vous pouvez vous sentir seuls.

En dépit des Networkings, apéros et autres rencontres, il n’est pas toujours facile de rencontrer du monde (combien de fois êtes-vous allez à un évènement où il y avait plein de groupes présents mais très peu d’interactions avec les nouveaux). Et avec l’afflux récents d’immigrés français, les “anciens” français font peut-être moins d’efforts qu’auparavant.

Vos premiers amis vont très certainement être vos voisins et vos collègues. Et très souvent ils sont français et disposent d’un revenu similaire au votre. Ce qui nous amène au point suivant : l’endogamie sociale des français de Singapour.

2- L’endogamie sociale

Il est plus que probable que la majeure partie de vos amis à Singapour soit française et dispose du même niveau de revenu que vous. Là où en France vous aviez gardé des contacts avec des gens d’horizons différents (écoles primaires, service militaire, vacances,…), dans la Cité du Lion, vous avez peu de chance de sortir de votre milieu social pour faire des rencontres.

Que ce soit parmi les familles, les couples sans enfants ou les jeunes (les VIE étant le parfait exemple d’endogamie sociale), les français ont une tendance lourde à se regrouper entre eux et à ne fréquenter que des gens de leur classe sociale, celle-ci étant intiment liée à votre revenu dans la Cité-Etat.

Cafe Hipster à Singapour

Et arrêtez de croire que le Lycée Français de Singapour (LFS) est un lieu de mixité sociale : 75% des élèves français du LFS ont leur scolarité prise en charge par l’entreprise de leurs parents (en intégralité ou grande partie). Au LFS l’écrasante majorité des familles sont CSP+, CSP++ ou UHNWI, une autre idée de la mixité sociale en somme.

Dans votre entreprise c’est la même chose : il est très probable que vos collègues aient un niveau de vie similaire. Et arrêtez de me parler de la messe du Dimanche à la Paroisse Française. C’est certainement le meilleur exemple d’endogamie sociale.

3- Vivre au dessus de ses moyens

Du coup vous pouvez avoir l’impression de vivre dans une ville de riches uniquement. Ce qui peut conduire certains français à vivre au dessus de leurs moyens afin d’avoir le même train de vie que certains riches français à Singapour.

Car à Singapour le paraître est très important, même pour les français : ce n’est pas combien vous gagnez qui est important, mais combien vous dépensez qui compte.

Et à ce petit jeu, certains se brûlent les ailes pour faire comme les autres, sous la pression sociale du cercle qu’ils fréquentent. Difficile de dire non à un weekend à Bali entre amis, à ne pas inviter toute la classe pour les anniversaires ou plus simplement prendre le bus quand tout le monde commande un taxi.

Alors évidemment vous n’allez pas finir au prêteur sur gage en train de vendre les bijoux de votre Grand-Mère. Mais souvent il est tentant de sacrifier les économies pour un investissement, le fond d’urgence ou encore la cotisation retraite pour “vivre” au lieu de “survivre”. Tout sauf un bon calcul.

4- Les naufrages de couples

Evidemment que vous aimez votre conjoint et vos enfants. Cette expatriation sera une aventure exceptionnelle pour votre couple et votre famille.

Evidemment que vous êtes à l’abri. Vous avez bien sûr quelques problèmes mais rien qui ne sauraient mettre en danger votre couple.

Evidemment que cela n’arrive qu’aux autres. Votre couple sortira renforcé de cette expatriation.

Evidemment que la “Fièvre Jaune” cela ne vous concerne pas.

Soyons clair, si vous aviez des problèmes de couples avant de partir, alors l’expatriation risque de les exacerber. Surtout si l’un des conjoints décident de mettre en pause sa carrière alors que l’autre voit la sienne décoller dans le même temps grâce à cette expatriation.

L’expatriation est une aventure à plusieurs dimensions. Il est tentant de négliger l’aspect humain pour se concentrer sur l’aspect financier (plus facile à quantifier et surtout à prévoir). Mais faire abstraction de l’humain n’est pas une solution.

Préparer son expatriation avec des feuilles de calcul sur Excel c’est bien, se poser les bonnes questions avec sa famille, c’est mieux !

14 Commentaire

  1. Et bien Louis, en tant que psychologue et futur expatrié, je ne peux que vous remercier pour cet article qui remet les évidences en place (c’est une chose difficile à faire) et vous encourager à en produire d’autres du même acabit.

    • Merci Rudy pour le commentaire. L’article est effectivement un rappel sur des sujets qui sont parfois passés sous silence lors de la préparation d’une expatriation.

  2. Sous le titre “un cercle de proches à reconstruire”, je trouve une pub pour “Date Asian women”. La publicité contextuelle a encore des progrès à faire ;-)

  3. Bonjour,

    Apres 5 ans en Suisse, je suis expatrie avec ma copine a Brisbane en Australie depuis plus d’1 an.
    Votre article est tres interessant, meme si la vie a Brisbane est certainement bien differente de Singapour, je retrouve de nombreux points communs notamment le 1 et le 4.

    Avec ma copine nous avons un nouveau cercle d’amis proche qui nous a permis de bien reussir notre expatriation pour l’instant, je pense que c’est un des principaux facteurs de reussite. D’ailleurs les premiers mois ont ete les plus durs car tres peu de vie social. Un autre facteur que je trouve primordial est le fait que les 2 conjoints travaillent dans leur branche.

    L’argent et la disparite salariale des expats est clairement moins importante qu’a Singapour, en effet nous avons quasiment tous le meme milieu social et les meme ranges de salaire.

    Excellent blog,

    Bonne journee,
    Robin

    • Merci Robin pour le commentaire. J’imagine qu’effectivement certains points sont communs à plusieurs destinations mais qu’ils sont sous-estimés par les futurs expats. Et comme tu le soulignes, le point #1 est crucial dans la réussite d’une expatriation.

  4. Bjr
    Besoin de conseils pls – je recherche une assurance santé qui soit considérée comme efficace pour quelqu’un qui s’installe a singapour , ai vu des commentaires negatifs sur april par exemple , est ce que quelqu’un non assuré par son entreprise mais ayant une assurance ( sans cfe) peut me conseiller svp merci par avance

  5. Bjr
    Merci pour cette article et pour le blog en général que je découvre, actuellement hôtelière a Paris(en couple avec enfant 8ans) je prévoie de vendre mon Hotel pour m’installer à Singapour que je connais que pour y être venue en vacance je me demande si il est encore possible d’ouvrir une boutique dans un quartier sympa qui nous permettrais d’en vivre et de s’occuper sans pour autant vouloir s’enrichir

    • Salut Vanessa,

      Le principal problème des boutiques / hôtel / restaurants / cafés à Singapour c’est le loyer. Les bails sont très courts et le turn-over très important. Le propriétaire n’hésitera pas à mettre à la porte son locataire de 30 ans pour gagner 500$ en plus (j’exagère à peine, même si tout va bien avec le locataire en question). Si vous souhaitez ouvrir des boutiques / restaurants ou autres, il faut mieux plusieurs points de ventes pour mitiger les risques. N’hésitez pas à lire cet article sur les loyers des restaurants à Singapour (mais qui peut s’appliquer à n’importe quelle boutique) http://mothership.sg/2013/12/accurate-fb-scene-spore-brutal/

      C’est un peu le drame de la ville à mon sens. Même des boutiques / restaurants qui marchent se font mettre à la porte pour être remplacer par des boutiques de luxe ou tout autres commerces qui peut peut se permettre des loyers plus importants. Le meilleur exemple c’est Tiong Bahru, tous les commerces qui ont permis la renaissance du quartier (et donc aux propriétaire de voir la valeur de leur fond de commerce augmenter) se voient expulser par ces mêmes propriétaires qui multiplient le loyer par 4 d’un contrat à l’autre… Ridicule. Surtout qu’il y a souvent peu de cohérence et de concertation dans le développement des boutiques ce qui conduit à des échecs importants (vous ne pouvez pas avoir QUE des boutiques de montres ou des cafés, il faut un mix urbain pour attirer les gens). Money is king here !

    • Salut Louis,

      Merci pour ta réponse rapide et à l’article partagé j’été déjà pas très emballé par ce genre de boutique éphémère, Resto, Bar etc mais la je jure de ne plus y pensé, enfin je me risquerai mieux dans le E commerce habillement la ou j’ai quelques contact à l’international, mais moins de vision sur le marché Singapourien je doit faire un business plan en Février je t’en dirai plus à ce moment merci encore et encore de nous faire partagés tes expériences et connaissance.
      A plus.

  6. Excellent article comme toujours sur ton site
    Je suis rassuré sur plusieurs points
    je n’aime pas me retrouver avec des français à l’étranger j’ai donné une fois en Inde ça me suffit à jamais !! Effectivement les français assez souvent à l’étranger ils se la pete grave.
    Puis Niveau dépense je suis aussi rassuré car en principe je suis un peu radin !!!! Alors encore moins de vouloir me mesurer à plus riche que moi juste pour paraître. chacun son monde et ses moyens.

    Effectivement le seul point qui me pose de problème c’est l’éloignement avec la famille et les amis. Plus de vacances plus de soirées plus de weekends. J’ai vraiment du mal à me dire que dans 2, 3 mois tout ça est fini et faudra se contenter de FaceTime et WhatsApp. Et juste une ou deux fois par an les revoir.
    Et ça m’engouasse.

    • Merci Burel.

      C’est souvent plus facile à dire qu’à faire. Mais Singapour est pratique car il n’y a pas la barrière de la langue comme dans d’autres pays d’Asie (Chine, Japon,…) et il est donc plus simple de se faire des amis locaux d’autant que les Singapouriens sont sans doute les asiatiques les plus occidentalisés sur de nombreux sujets.

      L’éloignement avec la famille est quelque chose de très personnel et chacun s’y prends de manière différente. Le seul grand changement c’est qu’il est maintenant peu coûteux voir gratuit (Apple FaceTime, Google Meet, WhatsApp Audio/Video) et communiquer entre les continents. Même si rien ne remplace le contact humain bien évidemment! Sinon les voyages ça marche dans les deux sens et les gens sont toujours ravis de découvrir Singapour quelques jours puis de partir une semaine à Bali, Phuket ou encore au Vietnman ou au Cambodge. Sans compter que Singapour est sur la route des Kangourous!

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