Singapour est une des pays où l’écart entre les plus riches et les plus pauvres et le plus important.
Avec un coefficient de Gini de 0.458 points, Singapour se classe entre le Mozambique et l’Arabie Saoudite en ce qui concerne les inégalités.
Singapour est aussi le pays développé le plus inégalitaire de la planète devant les États-Unis*. Pour avoir un ordre d’idée, La France a un coefficient de Gini de 0.291.
Aparté sur le coefficient de Gini : il va de 0 à 1 et mesure la répartition des richesses dans un pays. Un coefficient de “1” équivaut à une société ou une seule personne accapare toute la richesse et “0” indique que tout le monde possède exactement la même chose.
Un constat qui à amener des chercheurs de la National University of Singapore (NUS) à montrer que les discriminations selon le niveau de revenus était sans doute plus importantes que celles liées à la race, au sexe à l’âge ou la religion**.
La situation des Français
L’écrasante majorité des Français à Singapour dispose d’un Diplôme Universitaire ou équivalent. Vous avez sans doute beaucoup plus de Polytechniciens que de CAP dans la Cité-Etat.
C’est normal. Le processus d’immigration sélective mis en place par Singapour a pour but d’attirer les meilleurs. Et rien d’autres. Un choix qui a permis à la ville un développement fantastique en très peu de temps.
Ainsi la communauté française de la ville est plutôt CSP++. Mais aussi beaucoup plus proche des “Le Quesnoy” que des “Groseille” pour caricaturer.
Dans les réunions au Lycée Français de Singapour, ça discute plus de package d’expats que d’allocations familiales (75% des élèves Français ont leurs frais de scolarité pris en charge, tout ou partie, par l’entreprise de leur parents).
De facto, la communauté française de l’île est forcément un peu moins diverse que celle de la métropole (euphémisme).
Le revers de la médaille
Il y a donc un risque d’endogamie. Les Singapouriens essayent de mettre des gardes-fous (le service national en fait partie tout comme le système de Bourses). Mais ceux-ci n’existent pas pour les étrangers.
Bien sûr qu’il existe des familles divorcées, des parents célibataires et des gens qui galèrent dans la Communauté Française. Mais en proportion, ils sont très peu et surtout sont très peu visibles (à lire : Pourquoi la pauvreté est quasi-invisible à Singapour).
La plupart des Français sont conscients de la situation mais aussi de son évolution. Il y a de moins en moins de packages d’expat et les profils des nouveaux venus sont plus divers que par le passé.
Les accidents de la vie
Ils arrivent. Et pas uniquement aux autres. Divorces, décès, perte d’emplois sont certainement les plus fréquents. En France il sont difficile à surmonter. A Singapour c’est encore pire. L’absence de filets de sécurité et le statut d’étranger ajoutent au stress de ce type de situation.
En cas de licenciement (Si un seul membre de la famille travaille), vous perdez non seulement l’unique source de revenus mais surtout les visas de séjour (ainsi que ceux des enfants), l’assurance maladie, la retraite, les frais de scolarités et bien d’autres choses.
En cas de divorce, c’est pareil. Et si un des conjoints “subit” le divorce, il n’est pas rare qu’il ou elle doive rentrer en France alors que l’autre restera à Singapour. Et les enfants de faire la navette entre les deux pays.
Et aussi un aspect moins connu de l’immigration sélective : le cas de maladies graves. Au mieux votre visa ne sera pas renouvelé (y compris le visa de Résident Permanent). Au pire vous serez expulser dans les plus brefs délais. Par ailleurs les hôpitaux ont l’obligation de prévenir les autorités pour certains types de maladies (dont le Sida).
Le regard des autres
Nombreux sont ceux qui préfèrent pudiquement faire un “retour au pays” pour camoufler un échec ou un accident. Et rare sont ceux qui osent se confier et faire part de leurs difficultés (même temporaires).
Le simple fait de déménager d’un condo à un HDB peut vous aider à fair le tri dans vos connaissances à Singapour.
Car tout se sait à Singapour. Des élèves qui rejouent Cliffhanger dans les voyages scolaires aux coupes franches dans les packages de certaines entreprises, en passant par la décision de toujours organiser le séminaire annuel en Thaïlande (indice : rien à voir avec les plages).
Pourquoi cet article ? Parce que c’est sympa de parler des brunchs à Tiong Bahru et des weekends à Bali. Mais aussi parce que si vous venez vivre (ou vivez) à Singapour, il faut mieux avoir un avoir une vision un peu moins “Facebook” de la ville. Et être conscient que derrière ce style de vie se cache parfois une réalité parfois différente.
*Source : Central Intelligence Agency (États-Unis)
**”But while people were able to easily name a friend of a different gender or age, and even race or religion, they more rarely named someone from another class” New study finds clear divide among social classes in Singapore (Straits Time)